Article du Figaro – 17 novembre 2024
Le 17 novembre 2024 est paru l’article suivant dans Le Figaro:
«On se heurte à un mur» : ces grands perdants du vaccin Covid-19 qui luttent pour la reconnaissance d’effets indésirables.
Mathieu, président d’AAVIC TEAM a pu être interviewé dans ce cadre pour faire la promotion de l’association. Des adhérents ont également pu apporter leur témoignages. Ce type de publications est précieuse étant donné l’omerta qui règne dans les médias à large audience concernant les effets secondaires post injections anti-covid.
Vous trouverez ci-dessous le contenu de l’article (que vous pouvez également consulter en ligne ici si vous êtes abonnées au Figaro) :
Des malades qui ont vu apparaître des symptômes graves dans la foulée d’une injection, racontent au Figaro leur bataille pour faire reconnaître la causalité, disant se heurter à une «omerta» médicale.
Franck Austrui, 52 ans, se remémore en boucle ces «12 jours qui ont fait basculer» sa vie. C’était en mai 2021. Ce cuisinier de Charentes Maritime devait se rendre dans un centre de vacances pour y travailler. Pour le train, le pass vaccinal est obligatoire. Sans broncher, il reçoit sa première dose de Moderna. «Dix jours après, la fièvre monte, au-dessus de 40 degrés. Je crois que c’est le Covid, mais le test est négatif. Le médecin m’arrête une semaine, parle d’une grippe. Au bout de plusieurs jours, la fièvre dure. Il me fait faire une prise de sang. Puis une radio, à cause d’une douleur à l’abdomen. Rien. Je suis envoyé aux urgences à Royan. Là, quand ils voient mon état, c’est la panique. Mon taux de troponine était à 1000 et quelques (la troponine, produite par le muscle cardiaque, est libérée dans le sang lorsque ce dernier est endommagé, NDLR)».
Au service cardiologie de Bordeaux, où il est transféré, Franck est diagnostiqué d’une myocardite à cellule géante «suite au vaccin Moderna». Au sein des 200.000 cas d’effets indésirables signalés à la pharmacovigilance en France (sans preuve que cela soit imputable au vaccin), Franck est catégorisé «cas grave». Une catégorie au nombre imprécis, mais qui reste très minoritaire au vu des quelque 157 millions d’injections réalisées en France.
Dès 2021, dans le cadre du dispositif de pharmacovigilance, l’ANSM a déclaré des signaux «rares mais potentiellement sérieux» de «myocardites» et de «péricardites», ainsi que de syndrome de Guillain Barré, comme effets possibles des vaccins à ARN messager, Pfizer et Moderna. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) indiquait en juin 2023 qu’un total de 375 cas de myocardite a été rapporté, insistant toutefois sur le fait que cela ne remettait «pas en cause le rapport bénéfice/risque du vaccin». De même, le risque de thromboses a été attesté pour l’AstraZeneca. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la vaccination contre le Covid a permis entre 2020 et 2023, d’éviter un peu plus d’un million de décès en Europe, dont 96% de personnes de plus de 60 ans. Dans les témoignages que Le Figaro a recueillis, tous se défendent d’être antivax. Ils disent avoir reçu l’injection de bon cœur, et ils ne remettent pas en cause son utilité. Mais certains ont tout perdu.
«Pour le reste de ma vie»
C’est le cas de Sébastien Bettenent, 39 ans. Cet agent hospitalier vient d’obtenir la reconnaissance par l’Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux (Oniam) de sa myocardite comme effet indésirable de la deuxième dose Pfizer. Pris de nausées et une grosse fatigue, il s’était rendu aux urgences de son hôpital 16 jours après l’injection. Placé en soins intensifs, son rythme cardiaque jugé inquiétant, il était rapidement héliporté à Marseille. Descendu à 10% de sa fonction cardiaque, les médecins l’avaient pongé dans un coma artificiel et branché sur la machine dite «de la dernière chance», qui remplace poumons et cœur. «Au réveil, c’était le début de ma nouvelle vie. J’ai un cœur qui ne pompe plus et se contracte de moins en moins bien. Je n’ai plus de force. À 39 ans, je suis dans le corps d’une personne de 75 ans. Il faut que j’accepte que c’est pour le reste de ma vie».
Dans ce contexte, l’indemnisation de 80.000 euros proposée par l’Oniam lui semble dérisoire, même s’il est soulagé que la causalité du vaccin soit reconnue. Son avocat indique au Figaro son intention de faire appel. «Le jour de l’expertise, j’avais l’impression d’être à un jugement, témoigne Sébastien. Le médecin remettait tout en cause, c’était très dur. Une personne mesurait mes cicatrices dues à l’installation du défibrillateur à l’aide de son stylo, tandis que l’expert parlait de mon insuffisance cardiaque comme d’une pathologie stabilisée alors qu’elle n’a pas arrêté de se dégrader depuis 3 ans !» Il s’est vu objecter le délai de 15 jours après l’injection. Puis sa consommation occasionnelle de cannabis, et l’absence de test Covid négatif – pourtant inscrit dans le dossier médical. «La myocardite est un effet indésirable reconnu par le fabriquant ! Pourquoi est-ce si compliqué de reconnaître aujourd’hui que votre myocardite est liée au vaccin ?» regrette son avocat, Me Éric Lanzarone.
Expertise sévère
Cet avocat basé à Marseille, qui avait été médiatisé autour de la question de la
«clause d’irresponsabilité»
conclue entre l’État et Pfizer (dédouanant le fabriquant de toute responsabilité dans d’éventuels effets secondaires du vaccin), dit recevoir des appels toujours plus nombreux de personnes soupçonnant le vaccin d’être lié à leurs symptômes et souhaitant réclamer justice.
Mais établir juridiquement l’imputabilité au vaccin se révèle épineux. Trois critères doivent être remplis, détaille l’avocat : temporel (effets apparus directement après le vaccin), sémiologique (aucune autre cause ne doit pouvoir expliquer la pathologie) et bibliographique (les experts désignés doivent trouver une explication dans la littérature scientifique). Selon l’avocat, «Pfizer et l’Oniam s’engouffrent dans la moindre brèche. Ils objectent par exemple que le signalement a été fait trop tard à la pharmacovigilance – alors qu’à l’époque, trouver médecin qui soit capable de dire que tel effet était éventuellement lié au vaccin n’était pas évident. Ou ils épluchent les moindres détails de la vie du patient, ses antécédents familiaux… pour dénicher une autre cause. Si vous n’êtes pas épaulé dans ce combat, vous n’avez aucune chance».
Éric Lanzarone déplore également le processus de validation par des experts nommés par l’Oniam, souvent d’une «grande désinvolture» selon ses clients. Franck peut en témoigner. «Dans la famille, on n’a aucun antécédent cardiaque, donc pour les cardiologues le lien avec le vaccin était clair. Pour eux, aucun doute, mais pour l’Oniam, c’est autre chose…» Le Charentais a un rire nerveux. Aujourd’hui en arrêt de travail, sans cesse essoufflé, il est astreint à un calme complet, emberlificoté dans les fils du défibrillateur allant du coude jusqu’au cœur.
Pour une indemnisation, l’Oniam requiert une expertise par un consortium de praticiens. Franck raconte être arrivé au rendez-vous armé des différents rapports de son médecin traitant, de la clinique de cardiologie, du CHU de Bordeaux, évoquant tous une myocardite à cellules géantes «dans les suites de la vaccination Covid». Termes qui ne font que constater une succession de faits, sans établir le lien de cause à effet – cette charge relevant précisément du rôle des experts de l’Oniam.
Malgré ce dossier, une première expertise à Bordeaux a réfuté tout lien avec le vaccin. Le malade insiste. Il est à nouveau convoqué, à Paris. Pour plus d’assurance, Franck vient accompagné d’un généraliste fourni par la protection juridique de la Banque Populaire. Face à eux, le médecin chef et l’expert en cardiologie se montrent «très secs, presque agressifs», affirme-t-il. «Les yeux fixés sur mon rapport, sans m’accorder un seul regard, ils m’ont affirmé que le vaccin n’y était pour rien et que ça devait m’arriver». En détresse, Franck confie son incompréhension. «Ça n’a pas de sens. Quelques jours avant l’injection, je ramais en paddle en pleine mer, et maintenant…». Il a déposé une plainte contre Moderna, mais sans nouvelles depuis un an.
Errance médicale
Les victimes, elles, disent avoir le sentiment d’une «immense omerta». «Clairement, des médecins ne veulent pas ou ne peuvent pas croire pas qu’il y ait autant d’effets secondaires au vaccin et cela ralentit les diagnostics», affirme Mathieu Dubois, 29 ans, fondateur de l’association AAVIC TEAM, qui regroupe 600 membres se considérant comme victimes du Covid long ou du vaccin. Lui souffre d’une neuropathie des petites fibres depuis l’injection Moderna, et ne se déplace plus qu’en béquilles. L’errance médicale a duré 28 mois. Et le retour de la pharmacovigilance n’est arrivé qu’en octobre 2024. «Une fois que je les aie relancés via mes avocats – comme quoi, quand on veut…» grince-t-il. Dans un rapport du CHU Saint Étienne de mars 2024, le service de neurologie indique qu’«il a été effectivement rapporté des cas de neuropathies petites fibres post-vaccination COVID mais dans son cas précis (celui de Mathieu Dubois, NDLR), les symptômes ont été quasi immédiats après la vaccination, ce qui est un peu étonnant».
La cofondatrice d’AAVIC TEAM, Mélanie Maupas, 35 ans est atteinte de la maladie de Charcot dont les premiers symptômes sont apparus le lendemain du vaccin. Elle s’est entendue dire de plusieurs praticiens pendant de longs mois que c’était «sûrement psychologique». C’est finalement au centre de neurologie de Clermont-Ferrand que son électromyogramme est jugé «inquiétant». Elle est atteinte d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA). Son espérance de vie est estimée entre 3 et 5 ans. Mais à l’heure actuelle, cette maladie n’est pas signalée comme un effet indésirable des vaccins. Dans une enquête
de pharmacovigilance du vaccin Pfizer–BioNTech de 2022, l’ANSM évoque 16 cas de SLA signalés dont 8 sont apparus après l’injection, mais indique que l’«analyse des cas à ce stade ne permet pas de relever une relation causale». «On se heurte à un mur», déplore le père de Mélanie.
Le lieutenant Sylvain Lagot, sapeur-pompier, est lui aussi atteint de la maladie de Charcot dont les premiers symptômes sont apparus le soir même de sa troisième dose Moderna. Son entourage a remarqué une altération de sa parole. Il bavait sans le vouloir, déglutissait difficilement. Son généraliste l’a conduit vers un neurologue. Trois ans plus tard, Sylvain apprendra le nom de sa maladie. Pour ce Breton costaud et sans antécédents familiaux, le vaccin lui apparaît la seule explication.
«Je comprends que ce soit troublant pour ces personnes touchées», reconnaît Odile Launay, ancien membre du comité vaccin Covid-19. «Mais le seul moyen de montrer la causalité entre un vaccin et un événement X, c’est de montrer qu’une maladie rare – comme la maladie de Charcot – a augmenté en incidence dans la période concernée. S’il y avait dû y avoir un signal sur ce sujet-là, on le saurait». Même avis, pour le professeur Alain Fischer, ancien responsable du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale contre la pandémie de COVID-19. «L’absence d’antécédents n’est pas un argument puisque c’est le cas dans la quasi-totalité des cas maladies de Charcot», remarque le professeur au Collège de France.
Maïmouna, 39 ans, atteinte d’une maladie neurodégénérative déclenchée juste après le vaccin – dont elle ne saura probablement jamais avec certitude si l’injection y est pour quelque chose, se résigne. «En médecine, le risque zéro n’existe pas ! Je voudrais juste pas que l’on reparte dans une campagne intensive sur ce vaccin sans prendre des pincettes», exhorte-t-elle. Avec ses grandes lunettes de femme d’affaires branchée, la consultante autrefois hyperactive, désormais handicapée à vie, baisse la tête pour cacher ses larmes. «Si le vaccin contre le Covid-19 a pu sauver 95% de ceux qui l’ont reçu, ça me va bien. J’accepte de faire partie des perdants».